Quasiment tous les Français sont désormais connectés  à Internet en ADSL ou en fibre et les fournisseurs d’accès ne proposent plus que des packs constitués d’un modem et d’un décodeur TV. Ceux-ci sont prévus pour rester branchés en permanence bien qu’ils embarquent des composants relativement énergivores. Une bonne raison pour prendre en compte l’éco-conception et limiter la consommation en veille ? Bien au contraire..

Parmi tous les appareils et composants testés lors de l’élaboration de ce dossier, les box s’imposent comme les championnes du gaspillage. A l’échelle de l’Europe, leur consommation est estimée à 21 TWh en 2015, soit l’équivalent de trois centrales nucléaires tournant à plein régime. Il faut dire que le contexte juridique n’incite pas franchement les opérateurs à la retenue. Alors que quasiment tous les appareils électriques ont étés règlementés, les Box y ont étrangement échappées. Il existe bien une norme qui les concerne (l’ErP 2013 Lot 18) mais elle reste non contraignante et uniquement basée sur le volontariat. Des acteurs majeurs au niveau européen comme Deutsche Telekom (Allemagne), Belgacom (Belgique), BSkyB (Grande-Bretagne)
ou Sky (Italie) l’ont signée mais à ce jour, on ne trouve aucun opérateur fr    sur la liste. Nos FAI auraient-ils quelque chose à se reprocher, eux qui faisaient pourtant l’éloge des économies
d’énergie lors de la sortie de leurs nouvelles Box ? C’est ce que nous avons cherché à savoir. Et nous n’avons pas été déçus.

Abysses à watts. Commençons donc par Orange, le “leader dans son secteur”, comme on dit chez les financiers. Côté modem,
la Livebox Play consomme environ 8 W (11 €/an) alors que la déclinaison précédente (Livebox V2) s’approchait des 10 W (13 €/an). C’est beaucoup, mais ce n’est rien par rapport à la consommation du boîtier TV : 19 W en utilisation et… 18 W
(24 €/an) en veille ! Une option “veille basse consommation” se trouve toutefois dans les menus ; elle permet de faire chuter la puissance requise à… seulement 16,3 W (22 €/an). Bravo Orange ! En plus de votre abonnement, vous pourrez donc rajouter

3 €/mois d’électricité pour alimenter cette gabegie. Passons maintenant à Free, l’opérateur préféré des geeks. L’imposante Box dessinée par l’illustre Starck exige à elle seule 17 W (22 €/ an) en permanence. Vu la présence d’un disque dur et ses fonctionnalités NAS, on peut s’en accommoder, du moins pour un appareil de 2011. Côté décodeur, la version originelle dotée d’un lecteur Blu- ray exige 18 W (24 € / an) en fonctionnement et 16 W (21 €/an) en veille. Des chiffres aussi mauvais que ceux d’Orange puisque par défaut, le FreeBox vous en coûtera 44 €/an. Heureusement,  le décodeur TV dispose d’une option d’extinction complète
qui, elle, est efficace : seulement 2,5 W (3 €/ an). Nous avons également testé le “nouveau” décodeur Mini 4K. Bien plus économe, celui-ci ne consomme que 11 W en fonctionnement  et 10 W en veille standard. Son mode “veille profonde”, activée soit immédiatement, soit au bout de quelques heures de veille standard, permet toutefois à la Mini 4K de descendre au niveau du watt.
Embrayons cette fois avec SFR. La Box classique dite “Évolution” exige entre 5 et 7 W selon les options d’économie d’énergie activées ou non. Côté décodeur, il faut compter 12 W actifs
et 10 W en veille. Une mode veille profonde existe également  (2,5 W) mais il n’est accessible qu’au bout d’une heure de veille “légère” et il vous faudra ensuite plusieurs minutes pour en sortir. Mais chez SFR, le pire vient encore de “LaBox”, pseudo-fibre héritée de Numéricâble : entre 26 et 35 W et autant en veille !
Un gouffre. Enfin, la BBox Miami de Bouygues nécessite 11 W en fonctionnement et 8 W en veille. Un mode “veille” profonde permet là aussi de limiter la casse à moins d’un watt.

Source: Canard PC Hardware Avril-Mai 2016